Alors que je me promenais plongée dans mes pensées dans les bois du Vercors, j’entendis une petite voix en provenance d’un rocher ! J’ai d’abord cru que mon imagination me jouait des tours et j’ai continué mon chemin. Pourtant au fur et à mesure, la sensation d’être suivie a commencé à s’installer et je n’étais plus très sereine. Gardant mon calme, j’avançais, concentrée sur le moindre bruit suspect. Au détour du chemin, près du torrent, une autre petite voix s’est exprimée. Elle était à peine audible et se superposait au doux chant de l’eau dans son lit. Je ne suis pas folle ! Je sais ce que j’ai entendu…

J’ai donc décidé de faire une pause pour rassembler mes esprits. Je me suis d’abord assurée que personne ne me suivait. Quelques minutes s’écoulèrent et je n’ai détecté aucun mouvement ou bruit suspect. Installée au bord d’une cascade, j’entamais une méditation pour ressentir un peu plus l’énergie de cet endroit. Je ressentais la fraicheur et la quiétude du lieu. Tout à coup plusieurs voix lointaines se firent entendre. Cela ressemblait au rire d’un enfant. Un rire chaleureux, joyeux et amical. Elles se rapprochèrent de mon oreille et se changea en un murmure :  » jouons ensemble à cache-cache ! « .

Je n’ai plus l’âge pour ces jeux, pourtant je brûlais d’envie de me joindre à la partie. Devais-je éveiller l’enfant qui sommeille en moi. Enfoui depuis si longtemps. Et si ces voix ne me voulaient pas du bien ? A cette pensée, l’air se fut plus frais et je me pris une vague d’eau glacée sur les pieds. Je crois bien les avoir vexé ! Cela me sorti immédiatement de ma méditation. Alors que j’ouvrais les yeux, elles étaient là ! Les fées du Vercors. Perchées sur les branches, assises sur les rochers. Certaines plongeaient dans le torrent. Je sentis ma poche bouger et j’en sortis une fée malicieuse par le pied ! « Lâche-moi, lâche-moi, il reste des miettes de cookie dans ta poche ! Laisse-moi les manger ! ».

Un peu plus loin, affalée sur un rocher, une fée à l’allure d’un troll miniature se laissait réchauffer sous les quelques rayons de soleil qui transperçait le toit de feuillage offert par cette grande forêt. Elle avait les cheveux en bataille et des champignons poussaient sur sa tête. Une autre prenait soin de son familier ondin sur la rive. Elle lui chantait une douce berceuse et avait l’air de soigner sa crinière.

Certaines fées n’avaient pas l’air bien réveillées. Elles avaient les yeux encore brumeux et la gestuelle bien maladroite. Je crois bien être à l’origine de leur courte nuit. Le son de mes pas aurait-il troublé leur repos.

Me voici de nouveau tirée de mes pensées par d’autres fées qui me tiraient les cheveux, comme pour m’inviter à jouer avec elles de façon plus directe. Je crois que je ne vais pas avoir le choix, si je ne veux pas m’attirer les foudres du petit peuple. Aussitôt j’oubliais toutes les barrières qui m’empêchaient de m’amuser réellement. Me fichant totalement de la possibilité d’être vue et jugée par un autre promeneur. C’est alors que je dansais avec tout ce petit monde, au son de la cascade. Donnant les miettes aux plus gourmandes et en fredonnant des chants dans un langage ancien que je ne connaissais pas.

Au bout de quelques minutes, toute la magie s’est arrêtée. D’un coup, d’un seul ! Et je surpris d’autres personnes qui se demandaient bien quelle folie m’avait emporté. Aussitôt, je les invitais à se joindre à la danse et la musique féérique repris. Ils entrèrent dans le cercle et nous partagions un moment de liberté totale, hors du temps.

Voyageur, si tu rencontres une de ces fées dans le Vercors, accepte leur invitation. Danse avec elles, laisse partir tes tracas de la vie quotidienne. Et si tu trouves une de mes pyrogravures féériques, emporte la avec toi, dans ton foyer. La fée qui y est gravée partagera sa joie d’avoir trouvé une nouvelle famille pour le reste de ton existence.